La Behobia-San Sebastián est bien plus qu'une simple course. La Behobia-San Sebastián est, avant tout, un sentiment. Un sentiment forgé depuis plus de 100 années avec illusion, sensations et l'effort de milliers d'athlètes comme vous, accueillis dans ce pays qui comprend le sport, qui le valorise et qui sait en jouir pleinement.


La Zurriola pleine de coureurs
La Zurriola pleine de coureurs

La Behobia-San Sebastián va vous permettre de vivre des émotions jamais expérimentées dans d'autres courses. Dès le matin déjà, dans le train, bondé d'athlètes, en direction de la frontière, et jusqu'à l'arrivée sur le Boulevard de Donostia-San Sebastián, entre les impressionnantes murailles formées par le public.

Vous laisserez loin derrière vous l'ambiance spéciale du départ dans le petit quartier de Béhobie à Irun, un départ serré mais fluide et aminé, ces longues minutes d'échauffement et de camaraderie athlétique, les services à votre disposition pour vous faciliter les choses, l'émouvant départ des athlètes en fauteuil roulant ou " hand bike ", les rues d'Irun envahies par la foule ou le Haut de Gaintxurizketa, qui rappelle un peu une étape pyrénéenne du Tour De là, un parcours renouvelée vous attend, puisque la 50ème édition de la BSS a récupéré son tracé initial, celui de 1919, qui courait le long de la route N-I, avec un parcours plus uniforme et - très important - plus accessible aux différents services et plus sûr.

Compte tenu de cette première expérience de 2014, très appréciée par les participants, ce parcours va vraisemblablement être maintenu pendant de nombreuses années, avec de nouvelles références, comme la traversée du centre d'Errenteria entre la foule rassemblée, le Haut de Capuchinos, la traversée d'Antxo ou la nouvelle montée du Haut de Miracruz, où les applaudissements et les voix d'encouragement forment un corridor continu jusqu'à la fin de l'épreuve; un couloir humain qui va vous émouvoir, en particulier lorsque vous amorcerez la descente finale vers le quartier de Gros, pour rejoindre la promenade maritime de La Zurriola et la ligne d'arrivée. Une arrivée vibrante et spectaculaire, inoubliable à jamais, en plein cœur de la capitale du Gipuzkoa.

Les origines
1919-1926

L’épreuve a été magnifique et s’est érigée en un véritable événement sportif admiré par des milliers de personnes."

Pour autant que cela puisse paraître, le paragraphe précédent ne se réfère pas à la dernière édition de la Behobia - San Sebastián. Il s’agit tout simplement d’un extrait de la chronique du journal indépendant El Pueblo Vasco sur la première édition de la course, qui eut lieu le 30 mars 1919 et fut remportée par le champion légendaire originaire d’Elgoibar, Juan Muguerza, avec un score de 1 h 17 min 50 s, devant une vingtaine d’athlètes héroïques.

Dans cette chronique du quotidien El Pueblo Vasco, on peut lire certains détails curieux de l’organisation :

Loinaz, accompagné du chronométreur et du juge-arbitre, à bord de l’automobile de messieurs Olasagasti et Ambille... le délégué de la Fédération d’athlétisme de Guipúzcoa, M. Gabriel María Laffitte, avec les docteurs Asuero et Uzcanga à bord de son automobile."

Suivis d’autres curiosités de l’époque :

Le célèbre banquier M. Andrés Peña a fait don d’une pièce d’or, de cinq dollars, au premier qui passerait par sa propriété d’Ategorrieta, Toki Alai (après l’Alto de Miracruz) (…) très bonne organisation, malgré les critiques du public, qui n’a pas beaucoup collaboré."

Coureurs au départ de l'épreuve
Coureurs au départ de l'épreuve

Après le succès de la première édition, sept éditions suivirent durant sept années consécutives. Pour l’édition de 1920, l’arrivée fut organisée au terrain de football d’Atocha " aimablement cédé par la Real Sociedad ".

Groupe de coureurs sur la ligne de départ
Groupe de coureurs sur la ligne de départ

Le Français Henri Dalière couronna Gaintxurizketa à 27'55'' avec Muguerza à douze secondes ; il réalisa le parcours sans se fatiguer, en suivant la technique d’inspirations que le corps lui demandait. Beaucoup eurent l’impression qu’il montrait des signes de fatigue... "

L’arrivée de la troisième édition se produisit à nouveau à Atocha. Et c’est encore le Français Dalière qui s’imposa, sans toutefois améliorer son record.

La quatrième B/SS se déroula sous un temps magnifique qui permit de former « une pittoresque caravane de ‘suiveurs’ à bord de voitures, motos, vélos et autres engins roulants... », selon la chronique de Raffles dans El Pueblo Vasco.

La cinquième édition, en 1923, est remportée pour la deuxième fois par Serafín Ulecia, à seulement deux secondes du record de Dalière. À cette édition participèrent six athlètes français, trois du Biarritz Olympique et trois de l‘Aviron Bayonnais.

En 1924, le point de départ est modifié pour que les 20 kilomètres se terminent face au casino du Gran Kursaal. Le coureur d’Aia, Juan Manuel Azpiroz, du C.D. Añorga, se proclame facilement vainqueur. La chronique raconte qu’il y eut une foule énorme à Irun, Rentería, Pasajes et à l’arrivée.

En 1925, on peut lire, en parlant désormais de l’organisation de la VIIe Behobia-San Sebastián :

La rareté des épreuves dans le calendrier de Guipúzcoa cette année a entamé de manière alarmante la passion pour la course à pied. "

Le coureur de Bilbao Salvidegoitia n’a pas eu de rival. Fidel Acebal, un assidu de la course et plusieurs fois deuxième, a eu des problèmes avec ses chaussures et « a dû les enlever à la mi-course, ce qui ne l’a pas empêché d’arriver deuxième. »

Le prix – une montre – qu’Irungo-Atsegiña offrait au premier qui passerait devant son établissement, a été remporté par Cialceta, qui s’épuiserait ensuite. C’était la même chose que les années précédentes, à chaque fois les coureurs « brûlaient toutes leurs cartouches » pour obtenir ce prix. L’année suivante, la Fédération interdit les prix spéciaux durant le parcours.

La dernière édition – la huitième - de cette première époque se tint le 28 mars 1926. Les organisateurs voulurent lui donner du panache en cherchant des athlètes de l’extérieur. Aux côtés des coureurs de Biscaye, grands vainqueurs de l’année précédente, on put ainsi voir l’Aragonais Dionisio Carreras, figure du marathon et neuvième aux Jeux olympiques de Paris en 1924. L’arrivée eut lieu encore une fois à Atocha. Sur cette épreuve, la presse commentait :

Au milieu d’un mur de gens, les coureurs Carreras, Campo, Salvidegoitia, Ruiz et Cialceta passèrent à 7'38'' par la place San Juan d’Irun. À Buenavista, l’athlète de Bilbao, Campo, rattrape l’Aragonais et couronne l’Alto de Miracruz en 63'19'', avec six secondes d’avance sur Carreras. La foule est immense. La lutte entre Campo et Carreras, colossale, et à la fin, celui-ci parvient à prendre l’avantage sur son coriace rival et franchit en pleine forme la ligne d’arrivée, sous les ovations du public ".

Ainsi se terminait brillamment la première époque de la Behobia.

Arrivée des coureurs à Atocha
Arrivée des coureurs à Atocha

Deuxième époque
La course de relais

Le 29 mars 1936, la Behobia-San Sebastián ressuscite sous une autre modalité : sous la forme de relais par équipes de quatre coureurs devant courir chacun cinq kilomètres.

La première édition fut remportée en 1 h 07 min 29 s par l’équipe Euzko-Gaztedi de Zarautz, formée par Soraluze, Laurgain, Arritokieta et Unzueta.

Le coup d’état militaire de 1936 et la guerre qui s’ensuivit interrompirent la continuité de la B/SS jusqu’au 13 avril 1941, date à laquelle elle fut remportée par l’équipe de la Real Sociedad de Fútbol de San Sebastián. L’équipe formée de José Beloqui, Luis García, Miguel Sucunza et Emilio Navarro mit 1 h 09 min 28 s à couvrir le parcours.

L’année suivante, le 5 avril 1942, la Real Sociedad est à nouveau vainqueur de l’épreuve avec un score de 1 h 10 min 07 s.

Il faudra attendre 1949 pour la célébration de la douzième édition, la troisième dans la catégorie relais. Plusieurs équipes françaises y participent et c’est le Club Athlétique Municipal de Bordeaux qui remporte l’épreuve en inscrivant un nouveau record de 1 h 05 min 32 s.

Une nouvelle interruption se produit jusqu’au 13 mai 1951, où s’impose l’équipe de l’Association Sportive Montferrandaise, en 1 h 5 min 19 s, suivie du C.A.M. de Bordeaux et de la Real Sociedad.

Il faudrait attendre l’année 1963 pour la célébration d’une nouvelle B/SS, à l’occasion des fêtes du 150e anniversaire de la démolition des murailles de San Sebastián. La course matérialisa le grand triomphe de l’équipe militaire C.A. Jaizkibel, qui remporta le trophée avec le formidable record de 1 h 01 min 26 s.

L’époque contemporaine
La course populaire

Le 30 mars 1919, Juan Muguerza remporta la première Behobia - San Sebastián, une épreuve qui avec le temps deviendrait la plus importante de toutes celles organisées par le Club Sportif Fortuna et l’une des meilleures du calendrier européen dans cette distance.

Pourtant, s’il est une année qui a marqué l’histoire récente du C.D. Fortuna et de la course elle-même, c’est bien 1979. Pancho Gómez, athlète vétéran, membre et ancien dirigeant du Club, soutenu par son ami Remigio Tellería, proposa à la jeune direction de récupérer une course qui avait pratiquement disparu des mémoires : la Behobia-San Sebastián, qui alors n’accumulait que quatorze éditions en 45 ans (1919-1963).

L’édition de 1979 - la numéro 15 – accueillit à peine mille participants mais représenta pour l’époque un succès aussi grand qu’inattendu. L’arrivée de la course fut fixée dans la rue Igentea, à la fin du Boulevard, derrière l’édifice de l’Hôtel de Ville, où une simple estrade fut installée pour la remise des trophées. Les juges souffrirent pour noter à la main les temps réalisés par la totalité des athlètes.

Quelques années plus tard et face à l’augmentation constante du nombre de participants, l’arrivée fut transférée au propre Boulevard, sur son ancien tracé longeant la Vieille Ville. Il fallut être inventif pour créer un système de couloirs à l’arrivée, où on notait les temps des coureurs à l’entrée et les numéros des dossards à la sortie. Tout, même le classement, se faisait à la main, jusqu’à l’arrivée de l’informatique dans les années 1980. Ce sont les années du premier ‘Roi de la Behobia’, le Madrilène Alfonso Álvarez Valera, cinq fois vainqueur entre 1981 et 1987.

Ensuite viendraient les grands noms de Diego García, vainqueur en 1992 et 1994 et de l’autre ‘Roi’, également madrilène, Alberto Juzdado, avec ses cinq victoires entre 1995 et 2004. C’est à lui qu’on doit le record absolu de 59 minutes et 19 secondes, en 1996. Cette même année, une édition sensationnelle en termes de records, Rocío Ríos établit le meilleur score féminin à 1:08:54.

1995 fut l’année qui clôtura avec brio le cycle de María Luisa Irizar, la coureuse d’Andoain qui arbore le titre bien mérité d’unique ‘Reine de la Behobia’ après pas moins de sept victoires dans une liste impressionnante de succès qui débuta en 1980.

Ancienne équipe de course de relais du Fortuna
Ancienne équipe de course de relais du Fortuna
Arrivée située devant le Kursaal
Arrivée située devant le Kursaal
Pancho Gómez
Pancho Gómez

Rappelons d’autres grandes figures de la course comme Peio Garin et surtout son frère, Juan Mari, vainqueur en 1980,1988 et 1990, aujourd’hui encore participant assidu du groupe de tête, ou José Miguel Irazu, vainqueur de la première B/SS de l’époque contemporaine, en 1979.

En 1997 et 1998, le Boulevard fut fermé pour travaux et la Behobia installa sa ligne d’arrivée sur le Paseo de la República Argentina, au bord du fleuve Urumea, et ce malgré les difficultés d’espace, car le nombre de participants ne cessait d’augmenter. La ligne d’arrivée fut rétablie sur le Boulevard en 2000 et n’a pas changé depuis.

Alfonso Álvarez
Alfonso Álvarez
Diego García et Alberto Juzdado
Diego García et Alberto Juzdado
Maria Luisa Irizar
Maria Luisa Irizar

Après deux tentatives manquées en 2000 et 2001, on parvint en 2002 à obtenir un contrôle effectif des temps avec la puce individuelle, grâce au système Championchip. Depuis, chaque coureur connaît son score réel. Cette technique a transformé la B/SS et surtout le départ, qui dès lors a cessé d’être le grand problème : finis le stress et les bousculades sur la ligne de départ pour partir le plus vite possible.

En ne cessant de croître et de s’améliorer, la Behobia - San Sebastián est devenue une référence pour l’athlétisme populaire, en faisant naître tout autour d’elle un grand nombre d’épreuves et en contribuant à encourager la passion pour l’athlétisme.

En 2002, le chiffre de 11 000 participants fut atteint ; pour la première fois, tous les dossards étaient vendus, laissant des centaines de coureurs sur la touche. Cette tendance se répétera toutes les années suivantes. En 2014, on atteignit 30 000 participants, et ce chiffre ne cesse de croître d’année en année.

Le parcours, la bonne ambiance, la chaleur d’un public connaisseur et toujours nombreux, une grande arrivée et une bonne organisation sont sans aucun doute les clés du succès de cette grande course annuelle.

Rafael Iglesias
Rafael Iglesias
Chema Martínez franchissant la ligne d’arrivée
Chema Martínez franchissant la ligne d’arrivée

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